2 mars 2023
Un an est passé depuis l’attaque russe en Ukraine. Une guerre à nos portes aux conséquences particulièrement douloureuses pour les soldats sur le front et pour la population qui font preuve d’un courage et d’une résilience qui forcent le respect. Si cet édito censé aborder l’actualité politique et syndicale professionnelle débute par un sujet, ô combien plus grave, c’est qu’il doit nous servir de leçon à bien des égards.

À commencer par relativiser ! En ayant conscience que nos revendications, aussi légitimes soient-elles, sont finalement peu de choses eu égard à ce conflit qui brise à jamais la vie de milliers de personnes : femmes, enfants… sans parler des conséquences, une fois la paix revenue. Et donc à mesurer le réel poids des mots quand on parle de combat politique, de victoire syndicale, de mobilisation de « nos » troupes, d’actions, de blocage et même de neutralisation comme on l’a récemment entendu de la bouche de certains leaders syndicaux dans la rue ou d’élus sur les bancs de l’Assemblée lors des débats sur la réforme des retraites. Cette escalade de la violence verbale, lors de débats interminables et souvent stériles, cette cacophonie qui cristallise les oppositions, qui rendent sourds nos parlementaires, font le lit d’un dogmatisme qui s’immisce insidieusement et instaure une scission irréparable chez nos concitoyens, comme on la voit poindre au sein même de nombreuses démocraties occidentales, au risque de les faire chuter. 

UKRAINE

Qu’en est-il de nos revendications syndicales dans tout cela !? Hélas, à un échelon différent et toutes proportions gardées, les schémas sont les mêmes. Pour des raisons de posture, la FSDL a refusé en 2018 de signer la convention, c’était son choix. Aujourd’hui, elle a décidé de ne pas la reconduire, c’est son droit. Mais au prétexte qu’il faut en négocier une autre, sans préciser laquelle et surtout sans certitude d’aboutir dans un contexte économique dégradé, a-t-elle bien évalué les risques et les conséquences d’une telle décision ?

Nous ne nous sommes jamais cachés pour affirmer que la convention signée en 2018 n’était pas la 8e merveille du monde. Mais elle comportait des avancées indispensables à l’évolution des cabinets, ce que personne ne peut nier aujourd’hui. Partant de ce constat, il fallait revenir à la table sur la base du texte actuel pour le faire bouger par voie d’avenant et non en le rayant d’un trait de plume. En agissant ainsi, au nom d’un dogme à coup sûr improductif, dans un contexte de dette abyssale et de contraction budgétaire, la FSDL fait un cadeau au Gouvernement en lui donnant pleinement pouvoir – avait-il besoin de cela ! – de bloquer un peu plus la valeur des actes, pour au final accentuer les contraintes de l’exercice libéral qui n’en manque déjà pas. Les médecins qui passent avant nous en font l’amère expérience actuellement !

Nous allons entrer en négociations avec nos convictions et la volonté d’obtenir de réelles avancées pour la profession.

Nous allons entrer en négociations avec nos convictions et la volonté d’obtenir de réelles avancées pour la profession. Mais les CDF ne signeront pas un texte qui n’irait pas dans ce sens : même au risque de se voir imposer un règlement arbitral. Nous l’avions évité il y a 5 ans, rien ne dit que nous l’éviterons ce coup-ci !

Thierry Soulié, Rédacteur en chef du CDF Mag