6 octobre 2022
Chaque année, différents classements universitaires internationaux paraissent où l’odontologie française brille par… son absence !

Autoproclamée d’excellence, il convient néanmoins de constater un sérieux décrochage de performance de nos UFR en regard des indicateurs internationaux. Les raisons sont connues et multiples : absence de la part de la tutelle ministérielle de stratégie de recherche dans notre discipline, manque de ressources humaines et d’attractivité des carrières hospitalo-universitaires, budgets ridicules vis-à-vis de nos collègues européens.

Pouvait-on encore faire pire ? C’est la stratégie qui semble être choisie par les pouvoirs publics. Malgré les efforts considérables déployés en région par les acteurs institutionnels, académiques et professionnels, et qui doivent être salués, pour permettre l’ouverture des nouvelles UFR et antennes d’odontologie, celle-ci laisse un arrière-goût de bricolage. Locaux inexistants ou inappropriés, matériel pédagogique non disponible, quasi absence de chirurgiens-dentistes issus du corps enseignant hospitalo-universitaire, rafistolage d’équipes encadrantes sur la base de statuts contractuels sur mesure, les témoignages d’une improvisation fondée sur un cruel défaut de moyens ne manquent pas et nous font nous interroger sur la réelle volonté des pouvoirs publics de conserver une filière universitaire de qualité.

Rome ne s’est pas construite en un jour. S’il doit évidemment y avoir une période de transition et de construction, la profession doit rester vigilante quant à ses objectifs : consolider la qualité de notre système éducatif et les moyens de nos enseignants chercheurs, afin de retrouver notre place d’excellence selon les critères internationaux. Nous ne pouvons en aucun cas accepter une formation au rabais, et perdre 50 ans de combat en faveur de la médicalité et l’universitarisation de notre métier, à la seule fin de combler les lacunes de planification démographique d’un État, qui ne semble toujours pas capable de nous fournir un zonage démographique actualisé pour notre profession.

Nous ne pouvons en aucun cas accepter une formation au rabais

La chirurgie dentaire française est éminemment médicale. Elle nécessite des enseignements et des enseignants à la pointe de la science et à la hauteur des enjeux de la santé orale dans notre pays. Donnons les moyens à ces nouvelles structures de briller - pas de rafistoler.

Pierre-Olivier Donnat Président