11 décembre 2019
Au sortir d’un Congrès de l’ADF 2019 attractif et réussi, on constate une soif d’apprendre qui pousse les confrères à participer massivement aux séances de formations et à arpenter les couloirs pour découvrir les dernières technologies qui font déjà ou feront demain leur quotidien. Ce congrès est le témoin du dynamisme de notre profession.

Thierry SouliéMais un métier n’a de sens que s’il répond à des besoins et à des exigences. Si beau soit-il, il ne peut rester figé, le nôtre n’y fait pas exception. Il doit évoluer, être ouvert aux changements, et accepter de fermer la page des pratiques obsolètes. Nous ne soignons plus comme il y a trente ans. Les progrès dans les collages, les matériaux, l’évolution des pratiques, ainsi que les exigences esthétiques, contribuent à « chasser » progressivement les reconstitutions métalliques vers les tréfonds de l’histoire.

Notre exercice, qui consistait à soigner, restaurer et aligner les dents, à les extraire en cas d’échec et à les remplacer, a évolué vers une pratique plus conservatrice, plus préventive, plus soucieuse de préservation des tissus, dans une vision plus globale de santé orale.

Aujourd’hui, nous soignons en tenant compte des pathologies chroniques pour lesquelles nous avons introduit des majorations et des suppléments d’actes. Nous nous impliquons toujours davantage dans la permanence des soins, dans l’urgence et envers les personnes âgées ou les patients atteints de maladies chroniques. Avec les responsables européens, nous abordons la responsabilité du chirurgien-dentiste dans la vaccination, son rôle dans le sevrage tabagique et depuis plusieurs années déjà, dans sa mission de dépistage des violences faites aux femmes.

Désormais, le système de soins n’est plus uniquement vertical. De nombreuses expérimentations se font dans le cadre des ARS

Désormais, le système de soins n’est plus uniquement vertical. De nombreuses expérimentations se font dans le cadre des ARS. Résultat, notre exercice, tout en conservant une grande technicité, s’oriente peu à peu vers une prise en charge plus globale, plus médicale où la prévention et l’éducation thérapeutique, prennent une place de plus en plus importante. Les objets connectés, les progrès numériques et l’intelligence artificielle accélèrent également la coordination et la coopération interprofessionnelle.

À la lumière de ces observations, une réflexion s’impose. Ne serait-ce pas opportun de profiter de la réforme du premier cycle pour envisager un parcours initial de formation commun plus long avec les médecins ? Et par conséquent, aussi celui du 3e cycle ! Car ce n’est pas en « tunnélisant » la formation et en segmentant l’activité par la création de nouvelles spécialités pour quelques-uns que l’on trouvera la solution.

Bien au contraire, à l’identique de ce qui se passe dans d’autres secteurs, c’est en ouvrant et en insérant de la transversalité pour tous les praticiens, qu’on répondra mieux sur le terrain aux enjeux de santé publique et d’accès aux soins.

Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir quelle est la place de la médecine bucco-dentaire dans l’odontologie, mais quelle est sa place au sein de la médecine en général.

Des réponses que nous saurons apporter dépendront le devenir et l’élévation de la profession, et nous éviteront l’écueil d’un déclassement ainsi que le risque de notre basculement vers le secteur marchand et concurrentiel.

 

Thierry SOULIE président confédéral