Alerte sur la santé orale dans le monde

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14 décembre 2022
Dans un nouveau rapport, l’OMS dresse un bilan préoccupant du poids des maladies bucco-dentaires dans le monde, révélant ainsi une hausse de 1 milliard des cas répertoriés au cours des 30 dernières années. Elle liste un certain nombre de pistes d’actions pour y remédier et plus particulièrement pour les pays en voie de développement.

Le 18 novembre, l’OMS a publié un panorama complet sur la santé orale dans le monde, avec des données issues de 194 pays (1). Le précédent datait de… 2003. Il ressort ainsi de ce document que 45 % de la population mondiale est touchée par une affection bucco-dentaire, soit environ 3,5 milliards de personnes. C’est un milliard de plus qu’il y a 30 ans ! Dans le détail, environ 2,5 milliards de personnes souffrent de caries non traitées (2) et un milliard d’une maladie parodontale grave. De plus, 350 millions présentent un édentement et, chaque année, quelque 380 000 nouveaux cas de cancers de la cavité buccale sont diagnostiqués, complète l’OMS. Cela érige ainsi les maladies bucco-dentaires au triste rang des affections « les plus répandues » au sein de l’humanité, devant les cancers ou le diabète.

Profondes inégalités

Les populations les plus vulnérables et les plus défavorisées sont, et de loin, les plus affectées. Autre constat : les trois-quarts des personnes atteintes vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. À titre indicatif, le nombre moyen estimé de caries sur les dents de lait a augmenté de 6 % à l’échelle mondiale ; ce nombre a bondi de 87 % dans les pays à faible revenu et de 17 % dans les pays à revenu intermédiaire inférieur. Il a, en revanche, diminué de 21 % dans les pays à revenu intermédiaire supérieur et de 12 % dans les pays à revenu élevé. En outre, les pays à revenu intermédiaire concentrent « 75 % des cas de caries non traitées sur les dents permanentes ».

Un « point de départ »

« Ce rapport sert de point de départ » en « fournissant des informations de référence » aux pays et aux décideurs nationaux, a résumé Bente Mikkelsen, directrice du département maladies non transmissibles de l’OMS. Il constitue « une étape importante dans le processus plus large de mobilisation de l’action politique et des ressources pour la santé orale », a confirmé Benoit Varenne, chirurgien-dentiste et responsable du programme de santé bucco-dentaire au siège de l’OMS à Genève. Le document fournit d’ailleurs un certain nombre de recommandations. Il rappelle l’importance de renforcer la prévention, de prendre en compte l’enjeu de la santé orale dans les campagnes de lutte contre les facteurs de risque de maladies non transmissibles (tabac, alcool, sucre…), d’améliorer l’accès à des dentifrices fluorés efficaces et abordables ou encore, d’intégrer les soins bucco-dentaires essentiels au coeur des paquets de soins couverts par les couvertures de santé universelles.

UNE STRATÉGIE MONDIALE EN SANTÉ ORALE DÈS 2023

À travers ce rapport, l’OMS remet l’accent sur l’enjeu de la santé orale dans le monde. Elle poursuit d’ailleurs le déploiement du programme « mSantéOrale », lancé en 2018 pour, notamment, faciliter le déploiement de la e-santé et l’envoi de courts messages de santé publique par SMS à des populations cibles. Elle est également en train d’élaborer une stratégie mondiale inédite de lutte contre les affections bucco-dentaires assortie d’objectifs clairs et d’actions concrètes à mener d’ici à 2030. Celle-ci doit être dévoilée d’ici janvier 2023. Elle devra englober la lutte contre le tabagisme et la consommation d’alcool ; promouvoir une odontologie respectueuse de l’environnement et moins invasive ; ou encore, « prévoir le recours aux moyens offerts par la technologie numérique moderne dans le domaine de la télémédecine et de la télé-odontologie », a d’ores et déjà pointé l’OMS. Un rapport sur les progrès accomplis et les résultats obtenus devra être présenté en 2031.

Laura Chauveau

(1) Rapport sur l’état de la santé bucco-dentaire dans le monde : vers une couverture sanitaire universelle pour la santé bucco-dentaire d’ici 2030, OMS, 18 novembre 2022. Le document repose sur les dernières données disponibles du projet Global Burden of Disease (GBD, qui réunit plus de 7 000 chercheurs issus de plus de 156 pays et territoires), du Centre international de recherche sur le cancer (IARC) et des enquêtes mondiales de l’OMS.

(2) Environ 2 milliards de personnes souffrent de caries non traitées sur des dents permanentes ; environ 510 millions d’enfants présentent quant à eux des caries non traitées sur des dents de lait.