En France, la situation n’est évidemment pas comparable. L’engagement collectif des praticiens libéraux, aux côtés de l’Assurance maladie, a permis l’amélioration progressive de la santé orale de nos concitoyens. Porté depuis cinquante ans par les Chirurgiens-dentistes de France à travers le contrat conventionnel, cet engagement a réussi, bon an mal an, à concilier l’accès aux soins de tous les Français avec les intérêts des chirurgiens-dentistes libéraux et leur capacité à développer des cabinets dentaires constamment à la pointe du progrès médical.
Mais les temps ont changé ! Progressivement, un fossé s’est creusé entre ce que le contrat conventionnel promet et ce que notre partenaire, l’Assurance maladie, respecte de ses engagements.
La Convention de 2018 nous avait permis de renverser cette tendance avec un nouvel accord, un contrat équilibré où chacun des deux partenaires remplissait sa part. À l’heure du bilan, nous avons des motifs de déchanter. Jamais le sentiment d’indifférence des Caisses n’a été aussi important dans les rangs des libéraux.
L’engagement de participer à nos charges supplémentaires induites par la gestion du Covid ? Envolé !
Le relèvement des honoraires opposables et des plafonds prothétiques n’est toujours pas à l’ordre du jour alors que l’inflation dépasse, pour certains de nos achats, les 25 % et la hausse des salaires de nos employés, en cinq ans, est à deux chiffres !
N’en rajoutons pas, sinon les suites déplorables de l’épisode DIPA qui ont fini par sceller le sentiment d’une convention à l’arrêt !
Un nouveau contrat conventionnel devra convaincre les consciences pour vaincre les méfiances.
Aujourd’hui s’ouvre la perspective d’un nouveau contrat conventionnel. Il devra convaincre les consciences pour vaincre les méfiances. Les risques d’échec sont importants. Il faut avouer que nous avons de sérieuses craintes. Il y a une telle incompréhension entre ceux qui réclament le respect des engagements et de la dignité du soignant et ceux qui leur répondent qu’il suffit de « cocher deux cases »2 !
Mais les chances de parvenir à un « new deal » ne sont pas nulles. Nos négociateurs ont démarré le premier round des négociations avec confiance. L’espérance est permise et repose sur notre capacité à défendre des dossiers argumentés et des demandes justifiées. Et puis, après son échec avec les sages-femmes, avec les kinés, avec les médecins, l’Assurance maladie peut-elle s’offrir une nouvelle impasse conventionnelle ?
Marc Sabek, 1er vice-président
1. Lire le dossier consacré à cette « grave crise dentaire du NHS », dans le CDF Mag 1994-1995 du 8-15 septembre 2022, avec l’éditorial de Pierre-Olivier Donnat.
2. François Braun, ministre de la Santé, évoquant le Contrat d’engagement territorial (CET) du projet de convention médicale, rejeté par tous les syndicats ; La Croix, 27 février 2023.