Mais qu’on se rassure, tout ceci se déroule… en Grande Bretagne, et nous est rapporté par la très sérieuse BBC, média public de radio et télévision britannique. Une de leur enquête a révélé en ce début août l’étendue de la pénurie qui amène 90 % des praticiens du National Health Service (NHS) à refuser tout nouveau patient. Dans plusieurs régions, ce pourcentage s’élève même à 98 % des praticiens du NHS, dont certains ont des listes d’attente de plusieurs centaines de patients.
La British Dental Association (BDA) qui représente les chirurgiens-dentistes au Royaume-Uni, qualifie cette situation de « point de basculement » après une décennie de sous-investissements dans les soins dentaires, qui ne sont pas gratuits pour la plupart des adultes mais largement « subventionnés ». Or, si la majeure partie des praticiens du NHS du Royaume-Uni sont des libéraux et ne sont pas salariés du service public, leur contrat avec le NHS prévoit le remboursement des sommes perçues si « leurs engagements ne sont pas respectés ».
L'austérité budgétaire et le carcan d'un système trop administré sont identifiés comme les causes de cette pénurie de praticiens du National Heath Service.
C’est donc bien l’austérité budgétaire, et le carcan d’un système trop administré, qui sont identifiés comme les causes de cette pénurie de praticiens NHS dont les effectifs ont fondu de 10 % l’année dernière. Le président de la BDA témoigne dans les pages suivantes que ses confrères ne se sentent pas récompensés pour le travail qu'ils effectuent dans le cadre du NHS, et déplore l’absence d’engagement du financeur public en faveur d’un réinvestissement dans le secteur dentaire. La BDA ne prévoit donc à court terme aucune amélioration de cette dramatique situation, dont les effets délétères sur la santé orale des britanniques menacent l’existence même de ce système public de financement.
Si comparaison n’est pas raison, d’autant plus lorsqu’il s’agit de systèmes de santé différents, l’exemple du NHS ressemble quand même fort à celui qu’il ne faut pas suivre en matière de prise en charge de la santé orale ! Les conséquences tragiques de l’étau financier et des dispositions contractuelles intenables, qui ont été imposés à nos collègues d’outre-Manche, se mesurent désormais à la hauteur de la détresse des patients dans l’attente de soins.
As the French say : « À bon entendeur, salut !”
Pïerre-Olivier Donnat Président
(*) « L’herbe est toujours plus verte ailleurs », adage à l’origine immémoriale.