La bonne santé des professionnels de santé semble être – enfin – une affaire d’État. Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Orga nisation territoriale et des Professions de santé, a officiellement annoncé, le 30 mars, le lancement d’une mission ministérielle sur ce sujet. L’enjeu : « documenter de façon robuste » l’état sanitaire des professionnels de santé, chirurgiens-dentistes compris ; partager les bonnes pratiques et les outils « existants et à créer » pour répondre à leurs besoins en santé ; et améliorer leur accès à la médecine du travail. Et ce, dans un esprit de « coconstruction».
Recueil de données
Première étape, donc : l’organisation, du 31 mars au 23 avril, d’une consultation en ligne auprès des soignants pour « préciser finement les problématiques de santé » auxquelles ils sont exposés. Le questionnaire a été élaboré par le ministère, en partenariat avec les fédérations hospitalières, la Croix-Rouge ou encore, l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS) dont les CDF sont membres. Deuxième étape : le lancement de quatre travaux de recherche sur la santé des femmes, le cancer et, enfin, la santé mentale et les addictions. L’un d’eux vise ainsi à identifier si les soignants se font dépister pour les cancers et à déterminer l’impact des expositions professionnelles sur l’incidence et la mortalité de ces cancers. Les premiers résultats sont attendus pour la fin de l’année 2023 et serviront de base à l’élaboration d’une feuille de route.
Trois soignants aux manettes
Pour coordonner l’ensemble, trois professionnels de terrain ont été désignés : Philippe Denormandie, chirurgien neuro-orthopédiste et délégué général de la fondation de la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH), Marine Crest-Guilluy, médecin généraliste et investie dans l’accompagnement de professionnels de santé souffrant de problèmes de santé, et Alexis Bataille-Hembert, infirmier et porte-parole de la Chaire de design d’expérience soignants au sein de la Maison des Sciences de l’Homme. Ils ont d’ailleurs créé une adresse mail pour que chaque professionnel puisse partager « une idée, une suggestion, une innovation » pour faire bouger les choses*. Des rencontres physiques et en ligne seront par ailleurs régulièrement organisées. Le message que souhaite faire passer Agnès Firmin Le Bodo semble clair : la santé des soignants ne doit plus être taboue et le chantier sera mené en parallèle de celui lancé en janvier sur les violences faites aux soignants. Encore faut-il qu’il en sorte du concret.
L’ÉPUISEMENT PROFESSIONNEL N’ÉPARGNE PAS LES DENTISTES
L’association Soins aux professionnels de la santé (SPS) a mis en place un numéro vert gratuit, anonyme et accessible 24h/24, 7j/7 pour les soignants ayant besoin d’un accompagnement psychologique : le 0 805 23 23 36. En 2022, elle a recensé au moins 55 appels de chirurgiens-dentistes (2% des appels reçus). Les motifs d’appels sont variés : l’épuisement professionnel (44% des cas), les agressions/incivilités (5%), la démotivation (4%) ou encore, un motif personnel (25%). En tout, 11% de ces appels étaient d’un niveau de gravité élevé, avec idée suicidaire voire risque de passage à l’acte imminent.
Laura Chauveau
* contact@santedessoignants.fr