Premier constat, l'Assurance maladie souhaite repenser l'ensemble de la copie mais vu le temps imparti, elle nous propose d'identifier des blocs prioritaires de discussion, le reste étant relégué à d'hypothétiques futures discussions et avenants. Cela fait penser à un commercial qui cherche à faire signer un contrat en nous disant de ne pas faire attention à toutes les clauses, parce qu'on pourra toujours les faire évoluer plus tard.
Notre position est claire. Nous devons être en mesure d'aborder tous les sujets sinon à quoi bon négocier une nouvelle convention : autant garder l'actuelle et ne nous attarder que sur des points d'amélioration, comme nous l'aurions fait par voie d'avenants.
Deuxième constat, dans la présentation des orientations, le renoncement aux soins pour des raisons territoriales est annoncé comme l'enjeu majeur de la nouvelle convention.
Pourtant, aucun groupe de travail sur ce sujet ne nous a été proposé. Là aussi, la démarche semble singulière, comme si le projet était déjà ficelé. Nous avons donc demandé la création d'un groupe de travail dédié et son principe a été accepté.
Serions-nous devenus mauvais élèves pour avoir répondu à l'objectif fixé ?
Par ailleurs, dans le bilan dressé par l'Assurance maladie sur la convention 2018-2023, il est reproché à la profession d'avoir fait trop de prothèses en volume d'actes. Et alors ! Le but n'était-il pas de faire de l'accès aux soins ? Tout le monde s'accorde à dire que les chirurgiens-dentistes sont les seuls à avoir joué le jeu du 100 % santé sans en détourner l'objectif. Serions-nous devenus mauvais élèves pour avoir répondu à l'objectif fixé ? Il est invraisemblable de nous reprocher d'avoir répondu à un besoin de rattrapage né de décennies de renoncement.
Au contraire, il faut saluer le travail des praticiens, surtout ceux installés dans des zones à moindre densité médicale, pour qui cette augmentation de la demande de soins a été particulièrement difficile à absorber.
Et maintenant ?
L'enjeu de cette négociation est plus qu'un rééquilibrage financier. La nouvelle convention devra non seulement poursuivre dans l'esprit de la précédente mais en corriger les scories Toutefois, cela ne suffira pas, il faudra que celle de 2023, si elle voit le jour, permette une transition progressive vers plus de prévention et favorise une médecine bucco-dentaire moins invasive. C'est un vaste chantier qu'il sera difficile de traiter en 4 mois. Mais pour qu'un accord soit possible, il faudra plus que des intentions; il faudra des engagements chiffrés et datés sur lesquels s'appuyer pour construire un avenir cohérent et crédible.
Sinon, on en restera au stade des intentions et des rendez-vous manqués.
Alain Vallory, secrétaire général