2 mars 2022
À quelques semaines de scrutins électoraux majeurs, les Français assistent ébahis ou indifférents, à une campagne qui ne démarre pas ou plutôt à une non-campagne.

On parle davantage d’ambitions personnelles, du port ou non de la cravate en meeting, du mercato de seconds couteaux qui migrent d’un camp à l’autre et de tant de non-sujets qui alimentent les réseaux sociaux ou la presse people. Quid des sujets majeurs intéressant nos concitoyens privés du débat démocratique qu’ils sont en droit d’attendre ?

Certes, il faut relativiser nos soucis face à la crise sanitaire, fléau qui n’en finit pas de finir et surtout face aux évènements tragiques subis par des millions de personnes habitant les marches de l’Europe, en Ukraine.

Il n’en demeure pas moins que cela ne peut masquer nos problèmes domestiques. S’il est un sujet qui préoccupe nos concitoyens, c’est bien le cruel manque d’accès aux soins primaires délivrés par un professionnel de santé. Qu’en est-il de notre système de santé, dont les gouvernants successifs n’ont eu de cesse de vanter les mérites en le présentant comme le meilleur du monde ?

Il l’a sans doute été, mais l’est-il encore, quand on voit le nombre de patients qui ne trouvent pas un médecin ou un chirurgien-dentiste pour soulager les urgences les plus élémentaires ? Cette question est-elle abordée sainement lors de cette campagne… À ce jour, certainement pas !

Aujourd'hui on paye cher la machine, mais pas assez celui qui soigne !

Notre organisation en matière de santé montre ses limites. La santé est un droit, soigner un devoir, mais la distorsion est telle que ce qui n’était qu’une faille s’est transformée en une béance qui ne cesse de croître, avec pour conséquence une inadéquation entre l’offre et les besoins de soins.

Ce que l’on pressentait est apparu au grand jour avec la crise sanitaire. Elle a servi de révélateur d’une situation dont tout le monde fait les frais : - les patients qui angoissent de ne pouvoir être soulagés, - les praticiens, faute de pouvoir les soigner rapidement, - leurs assistant(e)s qui subissent quotidiennement le harcèlement de patients fatigués d’attendre un rendez-vous qui ne vient pas.

Bref, tout le monde souffre, jusqu’à quand ? Quand on ne veut pas s’attaquer aux problèmes, on les contourne en imaginant des structures qui donnent l’impression de faire quelque chose. C’est ainsi que sont mis en place des CPTS, des MSP et autres ; tout ceci est très bien, mais pour quels résultats ? Faute de bras, à de nombreux endroits, ce ne sont que cautères sur jambes de bois. Au nom d’une maîtrise des dépenses, on a dissimulé la poussière sous le tapis en investissant de grosses sommes dans des structures au lieu de les mettre là où c’est nécessaire : chez celles et ceux qui soignent sur le terrain.

Aujourd’hui, on paye cher la machine mais pas assez celui qui soigne !

Or, soigner est un devoir, un plaisir et une vocation, pas un sacerdoce ! Nombreux sont celles et ceux qui veulent s’investir, mais pas à n’importe quel prix et pas n’importe où. À force de maîtriser les dépenses et de bloquer les honoraires, nos grands penseurs découragent les bonnes volontés et rendent notre exercice de proximité de moins en moins attractif.

Et tant que ce ne sera pas compris, il ne faudra pas s’étonner si le système se grippe de plus en plus et répond de moins en moins.

Thierry Soulié Président