Une ambition : changer la vie des Français

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7 mai 2021
Le nouveau président de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD), Benoît Perrier a succédé à Sophie Dartevelle en mars dernier. Il détaille ses priorités mais également ce qui fait la force de cette instance, et forge son positionnement dans le système de santé. Une ambition : changer la vie des Français.

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CDF Mag : Quels sont les grands axes de votre mandat ?

Benoît Perrier : Au cours de ses mandats, ma prédécesseure, Sophie Dartevelle, a positionné de plein droit la santé dentaire au cœur de la santé et des parcours de santé afin que cela ne soit pas un sujet annexe en matière d’accès à la santé. Cela a été son cheval de bataille et elle a vraiment défriché le terrain dans ce domaine. C’est le message qu’elle a su initier au nom de l’UFSBD.

Mon objectif est de porter l’ambition de tous nos adhérents, en l’occurrence celle de changer la vie des Français, notamment en ce qui concerne leur santé bucco-dentaire. C’est ce qui nous caractérise tous au sein de l’UFSBD, dont les membres sont vraiment des militants. Par ailleurs, la composition du Comité directeur a été quelque peu élargie puisqu’elle est passée de onze à quatorze membres. Ils sont issus de régions différentes et tous ont des responsabilités dans leur département et leur région. Surtout, nos profils sont complémentaires avec des spécialistes de la vie associative, de la santé publique, de l’accompagnement des pratiques en cabinet dentaire, etc. Cela est nécessaire dans la mesure où nous menons une action à 360 degrés et que nous voulons agir en santé publique. Cela implique d’activer l’ensemble des leviers, tant en proximité pour ce qui est de la prévention clinique, qu’en matière de propositions de lois et de stratégies de santé publique.

Concrètement, comment cela se traduit-il ?

B.P. : Par des engagements, en particulier celui d’agir pour concevoir des programmes de santé dentaire et d’accompagnement tout au long de la vie. Les enjeux ne sont pas les mêmes selon l’âge mais également selon différents paramètres tels que le rythme de vie, les pathologies de la personne, etc. Notre ambition est également de placer le chirurgien-dentiste au cœur du parcours santé pour les tout-petits. Actuellement, la santé bucco-dentaire commence à être intégrée dans la vie des jeunes vers six ans, ce qui est beaucoup trop tard car pour les profils à risque, des pathologies sont déjà installées. Il est essentiel d’agir en amont afin de favoriser la mise en place de bonnes pratiques. En outre, l’UFSBD est un aiguillon qui a vocation à initier de nouvelles prises en charge d’actes de dépistage, d’éducation thérapeutique, etc., qui sont évidemment loin d’être superflues. De même, nous entendons inscrire systématiquement la visite annuelle au cabinet dans le parcours de santé des Français, ce qui est encore loin d’être une réalité.

Que faire pour y parvenir ?

B.P. : Il s’agit là d’une dynamique qui doit être interprofessionnelle. C’est un enjeu pour notre profession en particulier dans le cadre de la mise en place des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). La profession ne peut pas en être exclue. On ne peut pas se plaindre que les Français ne vont pas suffisamment régulièrement chez leur chirurgien-dentiste si l’on ne s’inclut pas dans la dynamique du système de santé, en particulier avec les médecins. Or, le fait que nous soyons une profession médicale à accès direct conduit à ce que nous pouvons, paradoxalement, nous retrouver en dehors du circuit de santé.

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Quelles sont vos priorités ?

B.P. : La première, c’est l’éradication de la carie dentaire. Cela implique de poursuivre le repositionnement du fluor dans les différents actes professionnels au cabinet et ne pas le cantonner à une dimension commerciale à travers les dentifrices. Ces derniers doivent d’ailleurs faire l’objet de prescriptions plus adaptées aux risques individuels. Autre thématique qui nous tient à cœur, le scellement de sillons qui est un acte pris en charge mais plus ou moins effectué selon le profil du praticien. Enfin, il nous importe de vraiment bien intégrer la santé bucco-dentaire au Plan National Nutrition Santé. En effet, au-delà de l’hygiène bucco-dentaire, il y a aussi l’hygiène alimentaire. C’est un discours que doivent relayer les chirurgiens-dentistes.

Comment l’UFSBD se positionne-t-elle face aux syndicats, à l’ADF, aux facultés, etc. ?

B.P. : La profession est très organisée et nous nous sommes des partenaires de cet écosystème. Il ne faut pas oublier que l’UFSBD a été créée par les syndicats et le Conseil de l’Ordre. Nous sommes là pour faire office à la fois de think-tank et de partenaire dans l’action sur le terrain, grâce à notre réseau de proximité. Nous suggérons également des orientations sur lesquelles il est ensuite possible de s’appuyer dans le cadre conventionnel. De même, l’UFSBD est membre de l’ADF et contribue beaucoup à la vie de cette dernière.

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Avez-vous vocation à collaborer avec les URPS, vous qui êtes également un élu CDF de l’URPS des Pays de la Loire ?

B.P. : C’est plus qu’une vocation, c’est une nécessité dans la mesure où il y a beaucoup de thématiques inhérentes aux ARS que porte aussi l’UFSBD. Il s’agit notamment des actions que nous conduisons en direction des populations, comme la dépendance des personnes âgées, le handicap, etc. Nous sommes aussi une ressource pour mener des enquêtes et des études épidémiologiques. Il y a donc un grand travail de partage d’idées à mener en régions entre les cadres de l’UFSBD et les représentants des URPS. Plus largement, il y a un intérêt à ce que les politiques régionales de santé soient le fruit d’une co-construction. Sachant que l’UFSBD est aussi là pour expliquer et décrypter ce qui fonctionne ou pas en matière de politique de santé publique.

Propos recueillis par Noam Benru