Chronique d'une rentrée ordinaire

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12 septembre 2019
On se laisse berner par le rôle social des centres de santé alors qu'ils n'ont rien de social, sinon les subventions publiques. Et notre esprit finit par s'habituer à cette confusion de plus en plus vérifiée : médias sociaux égale concours d'injures et raccourcis populistes...

Marc SabekImpôt Lu dans le projet de réforme de la retraite qu'une cotisation « non génératrice de droits » serait prévue, avec un taux de 2,81%. Une cotisation qui ne génère pas de droits ne serait plus une... cotisation ? Une taxe donc ? Non, une taxe est payée par un bénéficiaire d'un service public. Peut-être une « contribution » alors ? Une CVG (contribution vieillesse généralisée) ? Les architectes du labyrinthe réglementaire pourraient oublier que, depuis deux décennies, on se débat avec la « contribution sociale généralisée » (CSG) pour savoir si c'est un impôt1 ou une « nature duale d'impôt et de cotisation sociale »2. Il serait plus honnête et plus loyal d'appeler « impôt » la « cotisation » envisagée qui va frapper tous les revenus d'activité, sans contrepartie !

Urgences Vues en urgence, dans un cabinet dentaire d’Indre-et-Loire, 28 personnes le dimanche 28 juillet, soit trois à quatre fois la moyenne habituelle qu'on reçoit les jours fériés lors des matinées de garde (organisées par le conseil de l'Ordre sous l'égide de l'Agence régionale de santé). Ce cas de figure s'est répété au cours de l'été dans de nombreuses zones sous-dotées en chirurgiens-dentistes. Pendant ce temps, les centres dentaires low-cost (bénéficiaires d'aides publiques et d'exonérations de taxes et de charges sociales) continuent à pousser comme des champignons dans les zones sur-dotées. Et le ministère de la Santé refuse de leur appliquer la loi3 qui leur assigne une vocation sociale dont la première conséquence est de s'installer là où les besoins socio-sanitaires sont les plus criants.

Forum 2.0 Lu sur un groupe Facebook « fermé » les échanges et commentaires au sujet d'un post homophobe, d'un bizutage et des actes de radiologie... Après un tour de chauffe bon enfant, une quinzaine d'intervenants déboulent dans les fils de discussion, lâchent leurs intox, provoquent celui qui ose une information indépendante ou une opinion libre. Les anathèmes pleuvent avec de petites phrases assassines, agrémentées de calomnies ou de mauvaises blagues... L'essentiel est de faire taire celui qui pense autrement ! Si le courageux persiste, il aura droit à une sortie du spécimen le plus expressif du groupe – le plus caricatural aussi. C'est le prédicateur, les pouces se lèvent pour accueillir ses messages... Et alors, la horde d'arrogants se déchaîne. Il peste et eux vocifèrent, il engueule et eux redoublent leurs invectives... Tout est bon pour empêcher d'autres messages, pour bloquer tout débat serein...

Tout est bon pour empêcher d'autres messages, pour bloquer tout débat serein...

Sans comparaison possible entre les trois sujets, les résultats sont identiques. On accorde crédit au gouvernant courtois qui nous trompe pourtant, nous faisant confondre cotisation et impôt ! On se laisse berner par le rôle social des centres de santé alors qu'ils n'ont rien de social, sinon les subventions publiques. Et notre esprit finit par s'habituer à cette confusion de plus en plus vérifiée : médias sociaux égale concours d'injures et raccourcis populistes.

Marc Sabek vice-président

 

Notes 1. C'est l'avis du Conseil constitutionnel ; Décision n° 2000-437 DC du 19 décembre 2000. 2. CJUE, 26 février 2015. 3. Article L.6323-1 du code de la santé publique : « Les centres de santé sont des structures sanitaires de proximité, dispensant des soins de premier recours... »