On dirait que ça n'a pas suffi !

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24 juin 2020
Quelle mouche a donc piqué Thierry Beaudet, président de la Mutualité ?

Thierry Soulié

Quelle mouche a donc piqué Thierry Beaudet, président de la Mutualité, pour que dans un communiqué, il affirme nécessaire « que soient généralisés des espaces de santé pluri-professionnels pour le 1er recours aux soins » afin que tous les Français aient accès à des soins de qualité ? Et d’ajouter, « qu’il soit mis fin à l’exercice isolé des professionnels de santé à l’horizon de cinq ans avec à la clé une régulation de l’offre » et à cette fin « une minoration sensible de la rémunération des professionnels du 1er recours intervenant en dehors d’un ESP et la rémunération au forfait des soins faisant intervenir plusieurs professionnels » : ben voyons !

À travers cette énième démonstration d’une vision idéologique, centralisatrice et technocratique, axée sur la gestion du risque, la Mutualité, en faisant cette proposition au « Ségur de la santé », revendique un modèle économique qui n’a, à ce jour, jamais fait preuve d’une grande efficacité. On dirait que la leçon n’a pas suffi. Alors qu’au contraire, la crise du Covid a mis en lumière la souplesse, la réactivité et la capacité des soignants de proximité y compris isolés, qui se sont adaptés pour répondre dans l’urgence aux situations les plus inattendues, lire de telles propositions, de la part de personnes qui ont passé le plus clair de leur temps enfermés dans leur mutisme a quelque chose d’outrancier, à la limite de l’irrespect et de l’indécence.

...énième démonstration d’une vision idéologique, centralisatrice et technocratique, axée sur la gestion du risque...

Alors que le monde entier s’oriente vers une vision décentralisée des soins primaires sur l’ensemble des territoires, la Mutualité s’autorise des jugements à l’emporte-pièce. Totalement déconnectée de la réalité du terrain, elle a, comme les assurances en général, été absente de cette crise.

Une crise qui est loin d’être terminée car même si la virulence et la contagiosité semblent diminuer, rien ne permet d’affirmer que nous sommes tirés d’affaire. Et quand bien même, le danger d’une autre crise existera toujours et donc rien ne peut plus être comme avant.

La Covid-19 a démontré ce que l’impréparation peut causer comme dégâts en matière sanitaires et économiques. Il est impératif de donner aux chirurgiens-dentistes de proximité, y compris isolés, les moyens de se protéger efficacement face à ce type de risque, eux, leur personnel et leurs patients, pour n’avoir plus à subir un autre confinement.

C’est pourquoi les CDF, lors de la CPN du 12 juin, ont demandé une prise en compte conventionnelle de cette situation de la part de l’Assurance maladie mais aussi des complémentaires et donc… de la Mutualité !

Thierry Soulié Président