Remettons le diable dans sa boîte

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20 janvier 2021
Dans ses Mémoires, Raymond Aron écrit : « Le grand mensonge a une force percutante que n'a pas la vérité » (1). Ce constat paraît encore plus actuel à l’ère des réseaux sociaux.

Ceux qui n’ont aucun projet porteur pour les chirurgiens-dentistes, se sont lancés sur ces réseaux, depuis trois bons mois, dans la campagne des élections URPS. Pour gagner des votes, ils reprennent les mêmes procédés, croyant encore qu’il suffit de crier fort, invectiver, mentir… Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont rien d’autre – il faut meubler – et, surtout, parce qu’il faut cacher un bilan désastreux…

Le 12 novembre dernier, l’Autorité de la concurrence a infligé à toute notre profession un coup de massue dont nous aurons du mal à nous relever. Il suffit de lire la décision pour constater comment les agissements irresponsables et illégaux d’un petit groupe ont causé à tous les chirurgiens-dentistes la plus lourde défaite de notre histoire !

Un autre exemple de cette « force percutante du grand mensonge » ? La genèse de la loi Le Roux ! Malgré nos mises en garde, les apprentis sorciers ont foncé tête baissée dans les tribunaux contre le remboursement différencié des mutuelles. Et ont réussi à unifier toutes les complémentaires contre les chirurgiens-dentistes. Assureurs et mutuelles ont alors exigé et obtenu des pouvoirs publics une légalisation des « réseaux », largement plus préjudiciable au libre choix.

Clesi-Pessoa ? En s’entêtant à vouloir bloquer l’inscription d’un candidat tout en confondant droit d’inscription (règles administratives françaises) et droit européen (reconnaissance des diplômes), c’est l’effet inverse qui est obtenu ! Ils ont définitivement consacré dans la jurisprudence l’acceptation de toute inscription de diplômes hors UE pour des praticiens n’ayant accompli que deux années dans n’importe quelle université européenne2 !

Aujourd’hui, ils reprennent donc les vieux outils du démagogue et les promesses inconséquentes « qui n’engagent que ceux qui les écoutent ». Mais ce populisme non voilé fera-t-il encore mouche ? Peut-on ainsi tromper les chirurgiens-dentistes qui connaissent (ou peuvent facilement connaître) les données sociales et économiques de leur exercice ? Les responsables du « Capituler ? jamais ! » et autres « No négo ! », acculés par tant d’échecs et aucun succès malgré leur statut de « premier syndicat représentatif », peuvent poursuivre la fuite en avant, promettant la lune et même ses anneaux !

Personne ne devrait se laisser entraîner à nouveau par ceux qui n'ont rien prouvé

Dans cette France de 2021-2022 sortant d’une crise sanitaire pour s’enfoncer dans une crise économique, c’est-à-dire sans aucune marge pour les finances publiques et une chute vertigineuse du pouvoir d’achat des ménages, ils seraient capables de faire voler en éclat notre Convention et les milliards d’euros de financement public de nos actes. Pour nous retrouver avec un règlement arbitral géré par les complémentaires, une autre catastrophe à l’image de ce qu’ils ont provoqué jusque-là.

Mais nous voilà avertis ! Personne ne devrait se laisser entraîner à nouveau par ceux qui n’ont rien prouvé, sauf leur capacité à nuire !

Pour sécuriser le financement de notre exercice, nous devons remettre le diable dans la boîte !

Marc Sabek Vice-président

 

1. Raymond Aron, Mémoires, édition intégrale inédite, p. 410, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2010. 2. Conseil d'État, 4e chambre, 9 septembre 2020, n° 421772.