« Dès 2005, avant même la création des Unions régionales des professions de santé (URPS), un réseau de soins pluridisciplinaire, Cap Réseau Bretagne, regroupait l’ensemble des praticiens libéraux de la région, relate Dominique Le Brizault, président Les CDF de l’URPS des chirurgiens-dentistes bretons. Nous souhaitions en effet améliorer la coordination entre nous en organisant, dès cette époque, des réunions interprofessionnelles. » Les enjeux étaient multiples : développer la complémentarité entre soignants (à travers des groupes d’échanges, ateliers, formations...), favoriser l’évaluation et l’amélioration des pratiques, mais aussi expérimenter de nouvelles organisations sanitaires en ville.
Une initiative qui fait florès
Puis les dix URPS de la région (représentant les biologistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, médecins, orthophonistes, orthoptistes, pédicures-podologues, pharmaciens et sages-femmes), fraîchement créées, ont eu envie d’aller plus loin. De là est né le « Comité de pilotage inter-URPS », il y a huit ans. « Ce “Copil“ est constitué des présidents de chaque Union régionale ou de son représentant, explique le Dr Le Brizault. Il se réunit tous les premiers mardis du mois. En fonction de l’ordre du jour, qui tourne toujours autour de l’exercice coordonné, nous invitons des représentants de l’ARS, des professionnels de terrain, etc. Il fonctionne grâce à des cotisations à peu près équitables versées par les URPS, ainsi que par la mise en commun de leurs chargés de mission. »
Les chirurgiens-dentistes impliqués
Les projets menés sont variés. « Afin d’améliorer la détection de la BPCO, le CHRU de Brest et le Copil ont lancé le projet UNANIME. Ainsi, une quarantaine de professionnels de santé libéraux du Finistère, tous bénévoles, ont été formés et équipés pour le repérage des premiers signes de la maladie. Parmi eux figurent huit chirurgiens-dentistes. Il est en effet facile, pour notre profession, de repérer les patients qui fument.
L’expérimentation menée par les professionnels formés propose de les faire souffler dans un spiromètre et de les orienter, si nécessaire, vers leur médecin traitant », explique Dominique Le Brizault. Un pneumologue du CHRU confirme ensuite ou non le diagnostic, puis les soignants intervenant dans la prise en charge établissent un plan de santé et accompagnent le patient dans l’éventuel arrêt du tabac. Les chirurgiens-dentistes, à même de faire réaliser et de mettre en place une orthèse d’avancée mandibulaire (OAM) en cas de syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) associé, mais aussi de prescrire des substituts nicotiniques, ont toute leur place dans le dispositif.
Repérer la fragilité
Autre exemple parmi d’autres : le Copil porte, en partenariat avec l’ARS, une expérimentation sur le repérage précoce de la fragilité des personnes âgées. Objectifs : sensibiliser les professionnels, mettre à leur disposition des outils et faciliter l’accès des patients à une évaluation gériatrique.
Volonté méthodique
Cette capacité à travailler ensemble ne tient pas du miracle, mais plutôt de la volonté et de la méthode. Ainsi, le Comité de pilotage a créé, en 2014, l’Association régionale pour l’accompagnement des groupes libéraux pour l’exercice coordonné, dite Géco Lib’. « S’ils souhaitent créer une maison pluridisciplinaire de santé (MSP) ou une équipe de soins primaires, renforcer leur coopération via un système d’informations partagées, la messagerie sécurisée ou le DMP, ou lancer un projet thématique sur l’antibiothérapie, l’éducation thérapeutique du patient voire la prise en charge de l’autisme, l’association est là pour leur faciliter la tâche d’un point de vue administratif et technique », explique Dominique Le Brizault. Pour les aider, un binôme composé d’un chargé de mission et d’un élu issu de deux URPS différentes, est constitué. Une « chargée de développement », compétente en matière de gestion de projets, soutient les équipes de binômes, qui ne chôment pas, car 100 MSP ont été validées en Bretagne au 15 avril 2019, contre 7 en 2008. 38 MSP sont labellisées « ACI » (accord conventionnel interprofessionnel) par l’ARS Bretagne.
Soutien à la création de CPTS
Actualité oblige, l’association apporte également son soutien à la création de Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dans la région. Le gouvernement souhaite en effet, dans le cadre de Ma Santé 2022, créer 1000 structures de ce type d’ici la fin du quinquennat. Une cinquantaine devraient voir le jour en Bretagne, 3 CPTS sont en cours de mise en place : Auray, Quimper Bretagne occidentale et Marches de Bretagne. Pour l’heure, Géco Lib’ intervient dans le cadre de deux projets en cours de développement et participe aux réunions préparatoires. « En prévision des futures demandes d’accompagnement ou de conseils, l’association a renforcé son équipe en recrutant un nouveau chargé de mission », complète le Dr Le Brizault. Il rappelle également que l’association est complémentaire du Copil inter-URPS et a travaillé avec l’ARS pour élaborer un guide pratique, « L’Essentiel de la CPTS », accessible sur le site www.bretagne.ars.sante.fr. Ce document décrypte les enjeux des Communautés professionnelles, les étapes et éléments essentiels à leur construction et leur bon fonctionnement, ainsi que les aides dont bénéficient les professionnels de santé libéraux pour leur création !