URPS Nouvelle-Aquitaine : un plan de santé bucco-dentaire

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1 novembre 2019
La Nouvelle-Aquitaine a adopté, en juillet dernier, un plan régional pour l’amélioration de la santé orale, déclarée « enjeu de santé publique ». Une première en France.

URPS Aquitaine

«La genèse de ce plan ne doit rien au hasard, contextualise Jean Desmaison, président de l’URPS des chirurgiens-dentistes de Nouvelle-Aquitaine et membre des CDF. La région a, en effet, ceci de particulier qu’elle peut être considérée comme une “petite France” : la plupart des statistiques régionales en matière de santé publique sont superposables aux résultats nationaux. » Rien d’étonnant, donc, à ce que la problématique de l’accès aux soins « ait été identifiée comme prioritaire par l’ARS dans le projet régional de santé », explique-t-il. Le plan d’actions adopté en juillet dernier s’inscrit dans cette orientation puisqu’il a pour objectif principal « d’améliorer le parcours de santé bucco-dentaire en renforçant la prévention, le dépistage précoce, les soins et la prise en charge ». Une excellente nouvelle.

« Nous nous réjouissons d’avoir enfin un plan concret dédié à la santé orale, reconnaît Hélène Fortin, chargée de mission en santé publique au sein de l’URPS. Cette question est en effet bien trop souvent traitée à la marge et déconnectée des autres problématiques de santé publique. » Il doit bénéficier à l’ensemble de la population néo-aquitaine. Toutefois, des mesures renforcées sont prévues à destination « des populations qui en ont le plus besoin car présentant un état de santé bucco-dentaire particulièrement dégradé : personnes dépendantes, précaires, handicapées ou souffrant de maladies chroniques » (diabète et maladies cardiovasculaires en particulier).

Des objectifs à cinq ans

Ce plan, élaboré pour la période 2018-2022, se décline en quatre objectifs stratégiques ainsi qu’en une trentaine d’actions. Parmi elles : renforcer les campagnes de prévention auprès du grand public dans les quartiers prioritaires, les centres et maisons de santé, les maternités, les lieux de distribution de l’aide alimentaire, les centres de protection maternelle et infantile (PMI), les établissements scolaires ou encore les établissements et services médico-sociaux (ESMS).

Cinq ans pour faire connaître et améliorer l’offre de prévention bucco-dentaire

Les professionnels des secteurs sanitaire, social et médico-social doivent également être mobilisés. L’enjeu est donc, dans les structures qui accueillent des personnes âgées dépendantes et/ou handicapées, de systématiser les correspondants en santé bucco-dentaire et de réaliser un bilan bucco-dentaire à l’admission des résidents, puis annuellement. Un courrier de l’ARS leur sera adressé pour les inciter à mettre en place une démarche de promotion de la santé bucco-dentaire, si ce n’est pas déjà fait.

Le plan prévoit par ailleurs la réalisation de « journées de sensibilisation », régionale et par département, « à destination de tous les professionnels (exerçant en ambulatoire, en établissements de santé et en ESMS) ». Pour aller plus loin, des recommandations de bonnes pratiques en matière de santé bucco-dentaire seront diffusées, de même qu’une « plaquette d’information » relative aux pathologies dentaires, spécialement dédiée aux médecins. Il est également prévu de renforcer la formation initiale des professionnels médicaux (médecins, pharmaciens et sages-femmes), paramédicaux et socio-éducatifs en matière de santé orale ! Cette thématique est, pour l’heure, « peu, voire pas abordée » durant leurs études, rappelle Hélène Fortin. Or, « ils y sont fréquemment confrontés et une bonne hygiène bucco-dentaire évite bien des complications chez les personnes fragiles. » Quant aux chirurgiens-dentistes, le plan propose de les former à la prise en charge des patients ayant des troubles du comportement (handicap, maladies neurodégénératives...).

Renforcement du maillage territorial

Enfin, les promoteurs du plan se donnent cinq ans pour faire connaître et améliorer l’offre de prévention bucco-dentaire en Nouvelle-Aquitaine, favoriser la coopération et la coordination entre les différents acteurs et « construire un maillage territorial visant à renforcer l’accès aux soins dentaires », notamment, pour les populations vulnérables. Cela passera, entre autres, par « le développement de services de chirurgie dentaire ayant vocation d’accueil des étudiants dans les établissements de santé » de la région. Ils souhaitent également « développer la télémédecine », sachant que, pour l’heure, quelques dispositifs existent déjà dans la région, ou encore « agir sur l’accessibilité financière » des soins. Sur ce point, une communication spécifique relative aux nouvelles modalités de la mise en oeuvre du reste à charge zéro sera réalisée par l’Assurance maladie.

Parmi ces actions concrètes, « beaucoup sont lancées et certaines même terminées puisque nous avions commencé avant la publication du projet régional de santé », explique Hélène Fortin. De fait, « ce plan permet la création de nouvelles actions tout en valorisant ce qui a déjà été fait, corrobore Jean Desmaison. Cela a notamment été l’occasion de faire un état des lieux, de remonter et de valoriser les dispositifs de soins dentaires qui existent sur l’ensemble de notre territoire. » L’ensemble sera évalué « lors de points d’étape » et « parallèlement à l’évolution du projet régional de santé ».

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