Par Thierry Soulié
Pour élaborer une politique syndicale et définir une stratégie d’action cohérente, Les CDF se servent de l’expertise de tous les protagonistes en rapport avec la profession. Qui mieux que les industriels pour expliquer les évolutions techniques appliquées à la chirurgie dentaire ? Qui mieux que les professionnels sur le terrain pour témoigner de l’activité dentaire et affirmer que la Convention 2018 a permis une forte reprise après le confinement ?
Lors du dernier Congrès, Les CDF s’étaient engagés à rencontrer régulièrement les enseignants, chercheurs et industriels, au cours des universités d’été, des forums ou lors de journées dédiées. L’objectif : faire régulièrement le point en fonction des évènements et de l’actualité.
L’activité dentaire, tout particulièrement dans la situation critique actuelle, doit être observée avec une acuité particulière en tenant compte du contexte dento-dentaire, mais aussi au-delà, étant entendu qu’elle n’est pas « hors sol » et qu’on ne peut se dédouaner de l’environnement global. Certes, les remontées du terrain et les chiffres fournis par l’Assurance maladie démontrent que les dépenses dentaires, après le confinement ont très rapidement retrouvé leur niveau antérieur, et que cette tendance s’est amplifiée depuis avec une croissance soutenue.
Mais qu’en pensent les professionnels de l’industrie, du commerce et de l’artisanat dentaire ? Les investissements ont-ils repris ? Nos collaborateurs prothésistes et nos distributeurs forcément impactés par la fermeture brutale des cabinets, ont-ils retrouvé une trajectoire conforme à leurs attentes ? Comment notre profession s’est-elle sortie de cette situation en comparaison d’autres secteurs ? Toutes ces questions, nous les avons posées le 1er octobre aux différents responsables de la filière dentaire que nous avions invités pour faire le point sur deux sujets : la Convention dentaire qui avait initialement suscité chez certains d’entre eux des inquiétudes, et la situation inédite liée au Covid-19.
L’impact de la Convention…
Six mois après la signature du texte, fin 2018, en dépit de carnets de commandes qui traduisaient une reprise des investissements dans le « gros matériel », signe d’une confiance retrouvée, les messages pessimistes, pour ne pas dire alarmistes véhiculés par certains opposants sur les réseaux sociaux, avaient créé un climat anxiogène et mis le doute au sein de la profession et au-delà de la filière. Une première réunion s’était tenue le 18 avril 2019, au lendemain de l’entrée en vigueur des premières mesures conventionnelles. Les CDF avaient alors démontré chiffres à l’appui que cette Convention loin d’être l’épouvantail dépeint par certains, aurait un effet bénéfique en matière d’investissements, de modernisation des cabinets et d’activité tant pour les praticiens que pour les industriels et les commerciaux du secteur. Rendez-vous avait alors été pris pour faire un premier bilan « dans un an ». Mais, dès la fin 2019, ces projections se sont révélées exactes. Elles ont même été amplifiées dans le premier trimestre 2020, à tous les niveaux de la consommation de soins.
Les incidences du Covid-19
Personne n’imaginait que la Covid viendrait bouleverser tous les plans. Alors que les professionnels du secteur s’interrogeaient sur leur avenir au début du confinement, la sortie s’est traduite par un rebond qui a boosté la part du « consommable » tant en valeur (tension sur les marchés qui ont entraîné des hausses importantes des coûts), qu’en volume. Cela confirme une activité soutenue au sein des cabinets corroborée par une croissance à deux chiffres des prothèses, croissance rarement atteinte depuis des décennies. À noter : si cette croissance de la prothèse est liée à l’amélioration de l’accès aux soins, un rééquilibrage en faveur des soins est également constaté. Il n’y a donc pas d’effet délétère ni de bascule vers le tout-prothèse. La fin du confinement pourrait justifier ce rebond, mais comment expliquer, aux dires des industriels, que parmi les pays européens soumis aux mêmes contraintes sanitaires, la France ait été celui dont l’activité dentaire a repris le plus rapidement et le plus fortement ? Déjà, les chiffres de l’Assurance maladie de janvier et février, traduisaient une croissance de l’activité. On ne peut donc nier que les mesures conventionnelles ont un impact positif auprès des patients et des cabinets dentaires en dépit de l’inquiétude qu’engendre la crise actuelle ! Celle-ci est loin d’être terminée et d’autres mesures conventionnelles entreront en vigueur au 1er janvier qui, elles aussi, auront un effet positif pour la fréquentation des cabinets dentaires.
Les CDF continueront leurs rencontres de manière à avoir toutes les remontées nécessaires pour une évaluation précise et objective de l’activité dentaire. Aucune situation n’est jamais parfaite ! Des améliorations et des ajustements devront être apportés. Le rôle d’un syndicat est de collecter toutes les données pour être en toute connaissance de cause en mesure de défendre au mieux les intérêts de tous. Ce rôle, Les CDF le tiennent et continueront à le tenir, en toute liberté et indépendance.