Spontanément, cela ressemble à une provocation et dans un mouvement d’humeur, on a très envie d’évacuer la question par une fin de non-recevoir. Cependant, selon le positionnement pris, le sujet ne manque pas d’intérêt : vu du côté du praticien notamment, en lien avec l’inflation ; du côté du patient, de l’assurance maladie ou des complémentaires qui se retrouvent sur la même demande (avoir toujours plus en payant moins).
Pour ces deux derniers, l’évidence est que la meilleure économie est la dépense qu’on ne fait pas !
Investir massivement dans la prévention serait donc la première des réponses : dépenser pour éviter une augmentation des besoins de soins ultérieurement. Si les examens de prévention (EBD) ont été mis en place pour les plus jeunes, il est regrettable de ne pas les avoir étendus à des âges clés en matière de santé orale, notamment autour de l’âge de la retraite. Par ailleurs, il est surprenant qu’on ne puisse réaliser qu’un seul acte technique dans la même séance que cet examen, y compris s’il s’agit d’actes de prévention.
Une autre évidence consiste à ne pas oublier qu’une dépense durable est moins coûteuse et renouveler des dépenses bon marché n’est pas source d’économie.
C’est tout le paradoxe des soins low cost dans des centres qui en font un marché juteux jusqu’aux scandales sanitaires et financiers. La logique est la même pour le tourisme dentaire qui amène de nombreux patients à se laisser séduire par une économie de court terme.
Et du côté du praticien « comment soigner moins cher sans altérer la qualité des soins » ?
La santé orale des Français ne cesse de s’améliorer ; les progrès techniques et scientifiques y contribuent largement mais à quel coût ? Les plateaux techniques sont de plus en plus lourds, les coûts des consommables et frais de prothèses ont bondi, les protocoles de soins sont plus contraignants que jamais et ce n’est pas la crise Covid qui a arrangé les choses.
Les capacités d’adaptation de la profession ne peuvent pas tout
Dans un contexte d’urgence et de pression des patients grandissant, les capacités d’adaptation de la profession ne peuvent pas tout. Depuis la signature de la dernière convention (2018), l’inflation cumulée dépasse les 15 %, comment croire qu’on peut continuer ainsi ? Les négociations en cours doivent commencer par une augmentation de nos tarifs opposables et des plafonds prothétiques.
Alain Vallory, secrétaire général