Alors que s'ouvrent les négociations sur les retraites dans le cadre de la convention sociale, la CNSD souhaite que la pénibilité de notre profession soit prise en compte. Peut-on garder "au boulot" une classe d'âge de chirurgien-dentiste jusqu'à l'âge 67 ans ? L'Observatoire national de la santé des chirurgiens-dentistes s'est penché sur la question et a transmis ces informations par la voix de l'UNAPL, à Mme Yannick Moreau, présidente de la Commission pour l'avenir de retraites.
Dans le cadre du projet de réforme des retraites, le chef de l’Etat vient de poser comme précepte qu’il faudra « travailler un peu plus longtemps car on vit plus longtemps ». François Hollande et son gouvernement ont seulement omis d’ajouter que l’espérance de vie sans incapacité, synonyme d’« espérance de vie en bonne santé » régresse en France (comme dans le reste du monde) pour atteindre 61,9 ans chez les hommes et 63,5 ans chez les femmes (chiffres de l’Ined).
L’heure des choix va sonner et la prise en compte de la pénibilité des diverses professions sera déterminante dans les arbitrages.
La pénibilité au travail est une notion floue et évolutive, mêlant des éléments objectifs et subjectifs. Elle concerne l’exposition à des risques professionnels qui réduisent l’espérance de vie sans incapacité et la qualité de vie en général.
Mais il existe une deuxième forme de pénibilité, celle qui est ressentie avec l’âge, alors que la fatigue vient plus vite, que l’on récupère moins bien et que l’on doit continuer à travailler avec les mêmes critères de sécurité et de qualité. C’est bien le terrible dilemme auquel les chirurgiens-dentistes sont confrontés, eux dont l’âge de départ à la retraite a été fixé à 67 ans.
Une récente étude de l’Observatoire national de la santé des chirurgiens (CNSD) conclut à une réelle souffrance physique autant que psychologique de la profession. 75% des praticiens sont atteints de troubles musculo-squelettiques (TMS) et 48 % sont concernés par le phénomène de burn out (épuisement professionnel). Les chirurgiens-dentistes « pilotent » des instruments dynamiques tournant à 300.000 tours/ minute à 1 mm de la langue et des muqueuses pendant de longues journées et dans un environnement stressant.
Très peu de pilotes d’Air France (compagnie aux hauts critères de sécurité reconnus) sont en fonction au-delà de 60 ans. Les concepts organisationnels et sécuritaires de l’aéronautique sont pourtant souvent cités en exemple devant le monde de la Santé (déclaration des évènements indésirables) sans qu’ils soient pour autant pleinement transposés dans la gestion responsable des ressources humaines en médecine bucco-dentaire.
Pour la préservation d’une réelle qualité et sécurité des soins dentaires en France et pour le respect des soignants, il est inenvisageable de conduire toute une profession à un âge de départ à la retraite au-delà de 65 ans.
Les chirurgiens-dentistes, sentinelles de Santé publique, peuvent décemment prétendre à faire valoir cette revendication sur la durée de leur carrière.
C’est tout le sens du message qui a été porté par l’UNAPL, au nom des chirurgiens-dentistes, auprès de Madame Yannick Moreau.