Démographie professionnelle : comment sortir de l’impasse ?

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27 octobre 2021
Il ne se passe plus une semaine sans que la presse quotidienne régionale ou nationale ne se fasse l’écho d’un patient à la recherche, parfois vaine ou tout au moins très chaotique, d’un praticien dans un territoire particulier.

Ces territoires en tension démographique, jadis essentiellement ruraux, apparaissent désormais dans une majorité de régions et de départements, de la campagne profonde jusque dans des zones urbaines ou péri-urbaines. La crise sanitaire a eu en ce sens un effet d’exacerbation du phénomène, car elle a engendré une demande cumulée de soins après l’arrêt complet d’activité des cabinets dentaires de mars à mai 2020.

On s’interrogera au passage sur la stigmatisation opérée, au travers de la régularisation du DIPA, envers les praticiens qui n’ont pas ménagé leurs efforts, et largement accru leur temps de travail, dès la sortie du confinement pour absorber cette demande de soins particulièrement aiguë !

Dans le même temps, les pouvoirs publics semblent découvrir aujourd’hui, avec sidération, que les centres de soins dentaires - qu’une vision dogmatique de l’offre de soins tentait de présenter comme la « panacée démographique » - peuvent prendre la forme de véritables cauchemars sanitaires comme dans le cadre des affaires Dentexia ou Proxidentaire.

Non seulement ces centres associatifs sont bien loin de répondre, par leur implantation et leurs pratiques, aux besoins des populations qu’ils prétendent prendre en charge dans le « projet de santé » qui leur sert d’autorisation administrative d’ouverture, mais leur « captation » d’un grand nombre de jeunes praticiens attirés par le confort du salariat, a un effet délétère sur l’évolution des effectifs professionnels de nombreux territoires, où ces centres ne s’implantent pas, et ne s’implanteront jamais, contrairement aux cabinets libéraux.

Deux poids, deux mesures qui pénalisent l'activité libérale

Il apparaît d’autant plus inacceptable, dans ce contexte, qu’un praticien libéral ne puisse s’adjoindre qu’un seul collaborateur (ou tout au plus un second, mais sous réserve d’une autorisation ordinale dûment argumentée), alors qu’un centre associatif emploiera autant de praticiens salariés qu’il le souhaite, et ce dans la plus grande opacité de fonctionnement, tel que les autorités judiciaires l’ont constaté dans les récentes affaires. Il est ainsi plus que navrant de s’apercevoir que ni les instances ordinales, ni l’Assurance maladie, ni les ARS, ne sont en capacité de connaître à tout moment les véritables effectifs de chirurgiens-dentistes ainsi que l’activité précise de chacun d’entre eux, dans les centres de soins dentaires associatifs !

Deux poids, deux mesures qui pénalisent l’activité libérale. Elle devrait pourtant bénéficier des mêmes capacités d’accueil de collaborateurs libéraux et salariés, afin de répondre, dans son maillage territorial, aussi perfectible soit-il, aux besoins locaux auxquels elle est la seule à pouvoir répondre.

Pierre-Olivier DONNAT Secrétaire général