Maladresse ou provocation ?

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23 janvier 2020
La ministre de la Santé s’est déplacée, le mercredi 8 janvier, dans un centre dentaire mutualiste à Paris, « pour échanger avec un dentiste dans le cadre de la mise en oeuvre du 100 % santé », selon son service de presse. La démarche est surprenante et, à bien des égards, ressentie comme une provocation par les chirurgiens-dentistes libéraux.

Marc SabekOn peut rappeler que le 100 % santé (ou RAC 0) n’a aucune chance de réussir sans l’engagement des libéraux qui totalisent plus de 90 % de chirurgiens-dentistes. Ce sont eux et non les centres de santé qui assumeront la charge la plus lourde dans les contraintes du dispositif RAC 0. Ce sont leurs contributions qui permettront l’accès aux soins du plus grand nombre.

Alors que, mutualistes ou associatifs, les centres dentaires continuent à recevoir les subventions de l’État, de l’Assurance maladie et des collectivités territoriales. Selon l’IGAS (1), 11 % de leurs recettes proviennent des subventions, sans compter les exonérations fiscales (2), ce qui leur permet d’exercer une concurrence déloyale vis-à-vis des libéraux.

Peut-on encourager les centres dentaires alors qu’ils se multiplient dans les zones démographiquement saturées, contrairement à leur vocation, fixée par la loi, qui doit les amener à s’implanter dans les déserts médicaux ? Peut-on ignorer le désastre Dentexia – et d’autres dérives de plus en plus nombreuses, relevées ou non par l’IGAS , et qui ont amené celle-ci à mettre en garde les décideurs contre les « risques de dérive mercantile » de ces centres ?

Dans la bataille que nous livrons pour gagner le défi conventionnel engagé aux côtés de l’Assurance maladie, d’immenses obstacles sont en vue et peuvent encore faire perdre la partie aux concepteurs du 100 % santé. Au lieu de promouvoir les véritables acteurs du RAC 0, au lieu de soutenir les libéraux dans cette délicate transformation de l’exercice vers l’élargissement de l’accès aux soins, la ministre a choisi de faire l’inverse, en encourageant l’exercice assisté, subventionné et de moins en moins crédible.

Son geste est incompréhensible ! Méconnaissance des réalités professionnelles ou défiance des chirurgiens-dentistes libéraux ?

Par Marc Sabek, vice-président

1. Ph. Georges et C. Waquet, « Les centres de santé : situation économique et place dans l’offre de soins de demain », juillet 2013. 2. Pour un exemple : les centres de santé ne paient pas la taxe sur les salaires, sauf la part de son montant dépassant 20 835 € ! (art. 1679 A du Code général des impôts). 

2. Pour un exemple : les centres de santé ne paient pas la taxe sur les salaires, sauf la part de son montant dépassant 20 835 € ! (art. 1679 A du Code général des impôts).